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Aires

Marcus Malte

Zulma

  • Conseillé par
    2 septembre 2020

    Un été, sur les autoroutes de France. Ils vont se croiser, se rencontrer ou pas. Fred, le chauffeur-routier lanceur d'alerte, Sylvain acheteur compulsif avec son fils Jules, Catherine, grande patronne du CAC 40, Maryse et Lucien, les parents de Fred, Audrey et Romain, jeune couple en vacances, Roland, prof de techno remontant jusqu'au nord, la famille Gruson, ... Tous sont perdus dans leurs pensées, dans leurs vies.

    Laure Leroy la directrice des éditions Zulma a tenu cet été une librairie éphémère à Veules-les-Roses en Normandie, et comme j'ai passé quelques jours dans le coin, en vacances, je n'ai pas raté l'occasion d'aller lui rendre visite. Et je suis ressorti avec des livres. Inévitable. Dont celui de Marcus Malte. Inévitable itou. Sitôt acheté sitôt entamé et presque sitôt fini tant ce roman est une merveille.

    C'est un constat dur, sans concession, volontiers sarcastique et ironique de nos sociétés. Une critique mordante, fine et violente de leurs dérives et du point d'orgue, la consommation : ressources de la planète, loisirs, biens, services, ...

    Une histoire pleines d'histoires racontée à tombeau ouvert, avec une verve et une qualité d'écriture rare. Pour chaque personnage, Marcus Malte a défini un style ou un genre : les dialogues pour les deux couples, les calembours pour Roland, ... Beaucoup d'inventions, de jeux avec les polices d'écriture, avec des retransmissions d'extraits d'émissions de radio, d'annonces de faits divers, de slogans publicitaires, de pancartes, affiches croisées pendant les trajets... Marcus Malte mélange les vies de ses personnages avec des faits divers ou des histoires réels. L'ensemble donne un roman particulièrement jouissif. Violent et rempli d'humour ravageur, noir. Blasé, cynique, tout ce que j'aime. La meilleure preuve que ce roman est excellent, c'est que je ne suis pas très amateur des livres qui font presque 500 pages, que je n'aime pas trop non plus ceux qui mettent en scène beaucoup de personnages parce que je m'y perds. Donc a priori, pas un bouquin pour moi, et pourtant, je l'ai dévoré véritablement, n'ai point pu m'empêcher de m'en saisir entre deux ballades, deux visites et le soir... L'écriture est percutante, vive, vivante, violente parfois. On la dirait née d'une fulgurance, d'une colère ou d'un dégoût. Si Marcus Malte est virulent avec la société dans laquelle nous vivons, il l'est beaucoup moins avec ses personnages qui subissent sans pouvoir la changer : le tri sélectif ne suffira pas à endiguer le bouleversement climatique. Beaucoup d'humanité donc dans ce roman inévitable -je ne me répèterai jamais assez- pour tous les amateurs de littérature forte et sortant des sentiers battus.

    J'ai lu pas mal de livres de l'auteur (voir index) dont le sublime Le Garçon. Aires entre dans la même catégorie des romans coups de cœur.


  • Conseillé par
    22 janvier 2020

    Encore une fois je suis éblouie par le talent de Marcus Malte. Autant que dans « Le garçon », bien que le genre soit ici totalement différent.
    « Plusieurs histoires, en fait. Mais qui n’en font qu’une. Parce que c’est le principe même de la vie, sa trame : des destins qui s’enchevêtrent. Et c’est quelque chose que je trouve fascinant. Toutes ces trajectoires parallèles qui finissent par se croiser »
    Cet extrait résume parfaitement le roman. J’ai l’impression d’avoir lu plusieurs livres, d’avoir croisé plusieurs vies.
    Tout se passe sur l’A10, une autoroute où circulent des gens dont les destinées de certains vont se croiser. Au gré des personnages, d’innombrables sujets sont traités.
    L’auteur tourne en dérision les excès de notre société. Il dénonce des faits divers de l’actualité. Il ya de anecdotes, des drames.
    On y trouve des sentiments, de l’amour, de la passion, de l’addiction. De la fougue et du désespoir.
    Tout est entrecoupé de spots publicitaires, de flashs radio, de chansons selon les stations écoutées par les automobilistes.

    Il est beaucoup question de société et de politique. C’est un livre jubilatoire et puissant. Le style, le vocabulaire, l’originalité, tout est délice. L’humour côtoie la profondeur. Sûr qu’après cette lecture, on ne parcourra plus les autoroutes sans y penser. Un livre pour lequel on souhaiterait avoir plus d’insomnies pour ne pas avoir à le refermer avant de l’avoir terminé.