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Un territoire, roman

Angélique Villeneuve

Phébus

  • 4 juin 2014

    Une maison modeste, une femme insignifiante et deux grands enfants indélicats. Angélique Villeneuve évoque le trio sans brosser de grands portraits de cette Fille ni de ce Garçon. Ce sont les actes dramatiques qui vont éclairer le lecteur à petits pas. L'auteur réussit brillamment à attiser la curiosité en révélant par petites touches impressionnistes le secret d'une existence singulière.Ce sont les fantômes du passé qui s'invitent dans la narration pour porter à la lumière ce qui se cache derrière les murs ordinaires. Les réminiscences du temps béni de la tendresse qui unissait ces trois êtres. La mère ne porte pas de nom, comme pour mieux mimer son abnégation face à la vie.Une femme opprimée dans un territoire sublimé par son regard d'une profonde humanité.

    Un roman qui se compose à la manière d'un tableau impressionniste où le drame, l'intime et la délicatesse offrent à l'ensemble une lumière originale.

    Roman paru chez Phébus, 2012.


  • Conseillé par
    10 janvier 2012

    La narratrice vit dans l’ancienne maison familiale. Celle où elle admirait sa Sœur partie depuis bien longtemps. Le cagibi lui sert désormais de chambre à coucher, elle s’occupe du Garçon et de la Fille, deux jeunes adultes qui la maltraitent par leurs attitudes et leurs comportements. Elle prépare les repas, fait le ménage et se plonge dans les souvenirs pour oublier le présent.

    Dès les premières lignes, l’écriture déploie un univers particulier. Une écriture où chaque mot est pesé, une féérie de métaphores pour nous prendre par la main. La curiosité est titillée, on se demande quelles sont les relations entre la narratrice, ce Garçon et cette Fille. Pourquoi la Sœur tant adorée semble partie depuis bien longtemps ? Les réponses sont amenées au fil des pages. Délicatement comme pour trancher avec la condition de cette femme. Perçue comme une demeurée à cause de sa quasi-surdité, elle connait depuis l’enfance la différence. Mais il y a des trésors flamboyants dont les doigts se nourrissent et que l’esprit invente et recrée. Soumise, elle s’échappe du temps présent par sa dextérité et la chaleur du passé.
    Angélique Villeneuve a su insuffler une densité à cette femme, la rendre très attachante et troublante. Sans nommer brutalement, elle suggère tout. Très habilement.

    Un livre lu en apnée : les yeux rivés à cette écriture magnifique et sublimée, le cœur palpitant au gré des révélations. Le corps malmené côtoie la beauté de ce que ces mains fabriquent. Le pardon, l'amour et l'abnégation d'une vie racontée avec passion et une écriture qui fait appel aux sens. Après Grand paradis, l'auteure prouve tout son talent et utilise la magie des mots comme un orfèvre !