Du mardi au samedi de 10h à 12h30 et de 14h à 19h

La Grande Mandragore : 3 rue des Tonneliers 71100 Chalon sur Saône - 03 85 48 74 27

La Petite Mandragore : 21 Grande Rue 71100 Chalon sur Saône - 03 73 83 96 03

 

Comme des trains dans la nuit

Anne Percin

Le Rouergue

  • Conseillé par
    2 février 2011

    Après avoir écrit plusieurs romans pour adolescents puis un roman pour adultes, Anne Percin se lance dans les nouvelles pour adolescents.

    Comme des trains dans la nuit est un recueil de quatre nouvelles qui ont toutes pour personnages principaux des adolescents, à cet âge délicat, où tout semble se rejouer indéfiniment.

    La première, éponyme, évoque l’histoire – basée sur des faits réels – de deux jeunes pyromanes, qui, par désœuvrement? bêtise? haine? stupidité? décident de s’en prendre aux granges des fermes près desquelles ils habitent. En quelques mots, c’est toute la détresse, la solitude et l’impossibilité de communiquer de ces jeunes qui jaillissent d’entre les lignes. C’est aussi la facilité de l’oubli, quand quelques minutes de réflexion pourraient faire changer les choses. Comment vivre, quand on a dix-sept ans, dans cette société où la résignation semble être la seule perspective proposée aux jeunes générations?

    La seconde, Loin des hommes, évoque toute en subtilité et en finesse, l’amour naissant… On sent que l’auteur a jubilé en écrivant cette histoire où, une tendresse, qui ne veut pas dire son nom, se mêle à l’humour. Je n’en dis pas plus, c’est à découvrir…

    La troisième, Nirvana, celle qui m’a sans doute le moins plu – en raison des thèmes abordés : drogue, musique grunge, etc…- est en fait une ode à l’art, et notamment, à la peinture et à la musique.

    La Forge, enfin, clôt ce recueil en évoquant ces familles bourgeoises, en mai 68, toutes corsetées de bonne éducation, pratiquant le non-dit autant que le bridge et où il importe de ne pas voir les choses qui dérangent. Il y a du Chabrol et du Simenon derrière tout ça. Et le jeune narrateur, longtemps pris dans cette gangue exigüe où seul le silence est acceptable, comprend qu’il ne tient qu’à lui que les choses changent. Comme si les fameux évènements s’étaient transfusés dans ses veines…

    Le recueil commence avec des trains et finit de même, dans une sorte de circularité de tour du monde… Les parents ne sont pas absents, loin de là, et leurs attitudes, leurs réflexions, leurs paroles donnent autant à réfléchir au lecteur que les actes des héros de ces histoires.

    On retrouve, tout au long de ces nouvelles, la plume sensible et clairvoyante d’Anne Percin mais avec une écriture sans doute moins intimiste que dans Point de côté ou Bonheur Fantôme. Mais toujours aussi agréable à lire, je vous rassure!

    "Oui, tu ris des blagues de ton père, de ses plaisanteries grasses, de ses exploits de chasse, de ses faits d’armes héroïques : bicots dégommés à la Casbah ou vendeuse coincée entre deux portes, après tout c’est le même combat, pour lui. Le cul et la guerre. La même vengeance obscure, le même désir de puissance. Père ou patron? Les deux, mon colon! Tu ris et dans tes yeux, je vois le rire de ton père, tu deviens son miroir, surface lisse et sans mystère. Tu renvoies l’image espérée.

    Tu es comme ces pauvres mômes qu’on tabasse à la récré en début d’année et qui deviennent en quelques mois plus cons que ceux qui les ont frappés. Je connais ça. Parfois on ferait tout pour ne pas morfler.

    Tu as tourné ton visage vers moi et, pour la première fois de ma vie, je t’ai trouvée laide. (Extrait de La Forge)"