Francolin

Francolin, vétéran exsangue d'une guerre immémoriale, rentre chez lui perché à la façon d'un funambule sur la frontière commune des deux états belligérants. En chemin il croise Henri, une taupe affable et pragmatique qui, tel Jiminy Cricket, tentera de le ramener à la fois chez lui et à l'humanité. À l'image de son personnage, Adrien Houillère a choisi pour son premier ouvrage en solitaire de prendre un cap et de s'y tenir sur un fil, oscillant tour à tour entre réalisme psychologique et absurde, entre trivialité du corps et introspection douloureuse, entre misanthropie absolue et fraternité indéfectible, laissant ainsi toute liberté au lecteur d'adhérer ou non à la philosophie des protagonistes. Si l'auteur nous à habitué à jongler avec les ramifications du récit, de l'espace et du langage à travers les aventures de Pantaléon en compagnie de Léo Duquesne ou aux cotés de Christopher Hittinger et Loïc Gaume dans 3#3, nous ne pouvons être qu'impressionnés par l'apparente aisance avec laquelle il traite de concepts aussi complexes sans jamais tomber dans le dogmatisme ou la moralisation. Avec Francolin l'expression « l'important c'est le voyage, pas la destination » prend tout son sens et nous avons déjà hâte de reprendre la route en compagnie d'Adrien Houillère.