Jésus n'était pas nécessairement sûr de lui, au début. Peut-être se sentait-il abandonné. Talentueux, il n'a pas forcément utilisé ses qualités à bon escient tout de suite. Si ça se trouve, il a erré, a cherché un père incertain, s'est cherché lui-même, avant.
Peut-être Jésus était-il égaré dans cette vie ; on peut même penser que pendant toutes ces années dont on n'a pas de trace, il s'est morfondu d'échecs en trahisons.
On peut aller jusqu'à croire que c'est pour ça qu'il est devenu le Christ. C'est la supposition de ce roman de la construction d'un homme qui devint qui l'on sait.

Galerie de portraits qui dressent les contours d'une époque, celle d'avant que la communication tienne lieu de politique, mais déjà un moment où faire de la politique ne suffisait plus à imposer le respect.
Ainsi, quand il faut parler, "le Président se tait", et laisse toute la place aux spéculations les plus hardies, aux fantasmes. Il y a de quoi puisqu'autour du Président de la République, il y a des diamants, un dictateur, une crise pétrolière... Certains (é)lecteurs, (é)lectrices s'en souviendront !

que Romy qui n'a qu'une idée en tête : devenir comédienne.
Venir à Paris, s'offrir le cours Florent, habiter quelque part, ça demande des moyens. Et ils sont tous bons : Romy sera danseuse nue, prostituée, évoluera dans un monde interlope, brûlant sa vie avant de brûler les planches.
Elle rencontre Odette qui l'hébergera en échange d'une relation de dépendance réciproque entre violence morale et tendresse ambiguë.

Il y a un moment possible où un traumatisme ancien revient nous visiter. Ici, la maison va être détruite et laisser la place à une route. Une sorte d'accident de la route en somme. Il en rappelle un autre, 20 ans plus tôt, qui a provoqué la mort du compagnon de l'autrice. Un traumatisme qui devient un livre où tout, enfin, prend une place, au-delà de l'injustice et de la malchance. La tristesse reste, mais elle repose en paix, et la vie peut reprendre.

Les mots se répandent sur la page blanche comme des notes sur une partition, comme des instruments dans un orchestre, sonnent verticalement, horizontalement et en épaisseur, comme une symphonie.

(...)

Dans ce beau recueil qui fait entendre « le son des mots réconciliés », « les questions du vent » et bien d’autres choses encore, le poète « adresse [ses] cris au ciel », et nous l’accompagnons, murmurant avec lui : « Merci pour la lumière ».

Jean-Pierre Longre in Notes et chroniques (01/06/22)